15 décembre 2014 - 17 janvier 2015

"Les portraits désincarnés"
Maude Ovize

 

 

 

 

 

 

 

Maude Ovize, artiste peintre, et Jean-Marc Pionchon, auteur- photographe, n’en sont pas à leur coup d’essai, puisque leurs regards croisés sont fidèles et attentifs depuis 2007, date de leur première collaboration, à l’époque au sein du collectif du Hang’art. Il faut souligner pour être juste que, cette fois, il n’y a pas de parité, et que même si le peintre va puiser des matériaux dans des traces argentiques en N & B, l’actuelle proposition de La Galerue est avant tout celle d’une dessinatrice dont le travail explore d’année en année le champ de la représentation du corps. Mais néanmoins le terme d’essai, ou plus modestement de propos, conviendra ici. Car s’il y a certes à voir, il y a aussi à lire. A voir, la beauté très fashion de ses modèles empruntés aux magazines, aux traits parfaits, mais non soutenus de chair, désincarnés, comme les contrastes d’ombre et les contours tranchants ou au contraire atténués des artefacts puisés dans l’univers graphique du photographe.

 

 

 

 

 

 

 

 

A lire, la question posée entre les pleins et déliés - littéralement entre les lignes -. Celle du portrait, de son 

contenu, de ses limites. Comment recevoir un portrait ? Car plus le regardant s’y arrête, plus il s’y projette, plus il le fait sien, jusqu’ à en faire le sien. Et ainsi la frontière est vite traversée. Cet art ne peut-il être qu’un marché de dupes ? Les canons académiques de l’époque participent- ils au contenu ? En donnant à voir des paysages mentaux issus de l’extérieur photographique, Maude Ovize casse le miroir, échappe au diktat de l’archétype esthétique, à la vacuité du fantasme. A moins que les lumières nocturnes de cet accrochage permanent, en cinq vitrines sur rue, ne permettent encore qu’une simple mise en abîme comme un ultime avatar narcissique, pour le plaisir du passant.

 

 

 www.maudeovize.com