3 janvier - 4 février 2017

Pauline Sémon

« La Fragilité des Pierres »

On va découvrir un visage à chaque pierre. On va trouver des signes de vie au creux des ondes ; on s’en retournera la tête à force de fixer le point flottant. On va regarder la froideur de ces corps pétrifiés comme autant de promesses de mouvement. La Fragilité des Pierres présente une série sur l’exploration de la fusion des corps féminins avec les matérialités minérales. D’une strophe de T.S. Eliot, tirée du poème The Love Song of J.Alfred Prufrock (1917), on retient l’expression fascinée et mélancolique de son regard sur la gent féminine ; force glacée, volupté intouchable, chimère aquatique dont le magnétisme n’est plus à conter.

I have heard the mermaids singing, each to each.

I do not think that they will sing to me.

I have seen them riding seaward on the waves

Combing the white hair of the waves blown back

When the wind blows the water white and black.

We have lingered in the chambers of the sea

By sea-girls wreathed with seaweed red and brown

Till human voices wake us, and we drown.

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J’ai entendu chanter les sirènes, l’une à l’autre.

Je ne crois pas qu’elles chantent pour moi.

Je les ai vues chevaucher les vagues vers le large

Peignant les blancs cheveux des vagues giflées de vent

Quand le vent souffle sur l’océan noir et blanc.

Nous avons langui dans les chambres de la mer

Près d’ondines ourlées d’algues rouges et marron

Quand des voix humaines nous éveillent, et nous sombrons.

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Mais il faudra apprendre à penser comme une vague, comme une montagne, rien qu’un instant, un instant de roche, pour se rendre alors compte que l’invulnérabilité apparente de ces pierres ne pourrait être, sans l’érosion qui l’a sculpté. La matière se travaille en grattant, trait après trait, découvrant alors l’ombre rocailleuse d’une lèvre, la rondeur polie d’une main, le rideau aquatique d’une chevelure. On tentera d’en oublier les contours pour faire surgir les corps dans le volume de leurs ombres.

Pauline Sémon est architecte et illustratrice. Sur ces deux terrains, elle travaille à présenter une matérialité des perceptions et leurs interactions avec l’espace. 

Plus d’infos

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www.p-sem.com